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ENSA Bourges : Journées du son

Xavier Girard nous a invités avec Florine Fouquart à donner un atelier sur le live coding dans le cadre des Journées du Son à l’ENSA Bourges (7-12 avril). Les étudiants étaient répartis en deux groupes : le premier travaillait à la création de shader génératifs avec Florine Fouquart . Le second travaillait avec moi sur la question du live coding sonore. Après deux ou trois journées d’initiation, les étudiants des deux groupes se rencontraient pour une mise en commun : une restitution finale dans la grande chapelle de l’école aménagée pour l’occasion en espace de projection audiovisuelle (5-6 écrans, système quadriphonique utilisé en double stéréo). L’école d’art de Bourges a déjà une longue tradition d’enseignement autour des pratiques sonores du du fait de la présence en ville de l’Institut de musique expérimentales de Bourges (IMEB), disparu en 2011. L’école garde encore quelques reliques de ce passé glorieux : synthétiseurs, documents, etc (voir plus bas).

Florine et moi sommes tout deux membres du Cookie Collective . Florine est présente depuis la création du collectif. Elle connaît beaucoup plus de choses que moi sur la préhistoire du collectif, ses liens avec la demoscene, ses premiers évènements. Nous avons déjà eu l’occasion de jouer ensemble par le passé ou de parler dans diverses conférences sur le live coding et le code créatif. Le format que nous avons essayé de mettre en place pour cette restitution ressemble à dessein à l’une des méthodes de travail favorites de notre collectif : les Cookie Parties, les Crash Parties, etc. Travailler autour de cette forme nous a paru, je pense, assez intuitif. On agglomère des travaux disparates et on essaie de leur donner une cohérence, le plus souvent par l’accumulation, la superposition. On met en place plusieurs projections simultanées, on essaie de privilégier l’idée d’une création de groupe. C’est l’énergie collective qui crée la performance plutôt qu’une seule et unique œuvre qui accapare toute l’attention.

L’idée pour mon atelier était d’offrir aux étudiants l’entrée en matière la plus directe et la plus frontale possible. Il s’agissait de leur apprendre à improviser le plus rapidement possible après quelques minutes seulement de découverte de l’outil utilisé : Tidal Strudel . Chacun était ensuite invité à travailler sur un projet individuel ou collectif, à approfondir l’utilisation de l’outil en autonomie. Strudel est un instrument de musique : le meilleur moyen de le maîtriser est de pratiquer ! L’outil est suffisamment foisonnant pour que l’utilisateur soit amené à découvrir de nouvelles choses même par simple manipulation accidentelle. Les journées suivantes s’organisaient autour de trois activités : des moments de pratique (1), de jeu collectif (2) et des moments de pause (3). Chaque pause était dédiée au fait de répondre aux questions de chacun. Nous avons abordé tour à tour des questions de synthèse, d’acoustique, de programmation, abordé certaines subtilités techniques liées au navigateur internet ou aux fonctionalités les plus avancées de l’outil (audioréactivité, import de ressources, etc). Chaque point spécifique n’était abordé que pour faire face à un obstacle créatif ou une contrainte particulière : la recherche d’un geste musical, d’un timbre particulier, l’écriture d’un motif musical précis, d’une structure, etc. Certains étudiants sont devenus spécialistes d’un domaine particulier (par ex. le sampling), d’autres ont exploré des routes sensiblement différentes. Cela m’a paru plutôt sain de voir une diversité de profils musicaux émerger face à un outil capable de s’adapter à des pratiques extrêmement variées tant par leur méthodes que par leurs objectifs.

Je souhaitais qu’il ne soit pas nécessaire pour les étudiants d’avoir à installer de logiciels au cours de notre semaine de travail : perte de temps, incompatibilités, problèmes techniques. Je souhaitais aussi qu’ils puissent trouver toutes les ressources nécessaires pour approfondir directement sur le web. J’ai mis en ligne avant l’atelier un petit site internet (adresse privée) pour qu’ils puissent trouver tout les logiciels open source dont ils pourraient avoir besoin à l’avenir pour tout type de créations sonores (voir ci-haut pour un extrait). La liste que je leur ai fournie n’est même pas particulièrement axée live coding : il s’agit juste d’une liste de survie comprenant tout les logiciels utiles pour être autonome dans une démarche de création musicale. Pour l’atelier lui-même, j’ai privilégié des technologies web (WebAudio, etc) avec parfois un peu de Reaper pour enregistrer et travailler quelques échantillons.

J’ai aussi orienté l’atelier pour qu’il ne soit pas nécessaire de posséder de bagage préalable, qu’il s’agisse d’un bagage technique (programmation) ou musical. Il s’agissait d’approcher le live coding comme un objet et comme une technique en soi. Je perçois moi-même le live coding comme une pratique musicale nouvelle, génératrice de sa propre technique et de son propre solfège. Je n’ai pas été particulièrement inventif sur les outils utilisés, je n’ai fait que choisir ceux qui sont aujourd’hui les plus utilisés à l’échelle internationale : Tidal Strudel pour la pratique individuelle, Flok et Nudel pour les jams collaboratives. Cela permettra aux étudiants, s’ils le souhaitent, de continuer à trouver des ressources pour la suite !

J’ai beaucoup apprécié ma découverte de Bourges. Le temps était absolument magnifique, vrai printemps avec oiseaux et fleurs. Chaque fin d’après-midi était animée par le son de l’acousmonium DIY construit par Antoine Brochin et ses étudiants dans la cour de l’école. Je suis content d’avoir pu découvrir certaines des anciennes machines utilisées par le Groupe de Musique Expérimentale de Bourges (GMEB). J’aimerais pourquoi pas essayer de revenir pour faire parler ces machines et voir ce qu’il est possible d’en tirer !

Un grand merci à toute l’équipe pédagogique de l’école pour leur accueil et à Florine Fouquart pour cette collaboration !